13 janvier 2008
La dignité
Je me suis énormément calmée, comme j'ai pu l'écrire précédemment. J'en suis environ à une crise par semaine.
En découvrant plusieurs blogs, je me suis laissée à ouvrir les yeux sur ma honte dans cette maladie. Il fût un temps (un long temps) où je passais mes journée à dormir, manger, vomir, dormir, manger vomir. D'ailleurs je ne savais pas dire "manger", je prononçais "bouffer".
A cette époque, je n'arrivais pas à parler de ce problème, je me sentais tellement honteuse. Je ne pouvais pas entendre le mot "vomir" sans avoir les larmes aux yeux, et j'étais encore moins capable de le dire moi-même. Je ne sortais plus. J'ai appris à mentir, pour protéger mes pulsions. Je préférais être dans mon appart à me me goinfrer, plutôt que de sortir au ciné, dans un bar, chez des potes... Nombre de fois où j'ai simulé des maladies (grippes, gastros, otites, etc). Même pour ne pas aller bosser. Il m'est arrivée d'annuler des répèts aux derniers moments ("ma voiture est en panne" tu parles oui, mon estomac grouille !), de planter des rendez-vous amicaux, amoureux et de travail. Mes parents me croyaient overbookée, je ne rentrais plus les week-ends... Tu parles.
Tout ça me rendait coupable. Mentir à ce point là. Feinter, ruser, juste pour me détruire en paix !
J'ai décidé de rentrer chez mes parents, en me disant que je n'aurais pas le choix, je ne pourrais plus criser, j'avais trop peur qu'ils me surprennent. Tu parles, ça a été pire. Je stockais de la bouffe dans mon armoire, sous les fringue, sous le lit, dans mon bureau. J'attendais impatiente la nuit. Et je m'empiffrais dans ma chambre, avec un minimum de lumière, je ne voulais pas m'éclairer dans cette humiliation. Le moment de vomir était une catastrophe. Le bruit de la chasse d'eau réveillerait un mort chez mes parents, donc en pleine nuit c'était trop risqué, et surtout, je craignais qu'une odeur persiste malgré le nettoyage. Alors j'ai trouvé la solution : les sacs poubelles. Ignoble, immonde. Mais pourtant j'en suis arrivée là.
je crois que ma dignité me dérange plus que les effets secondaires liés aux vomissements. Se réduire à de telles manières, ce n'est pas humain, et ça me hantera toute ma vie. Ah oui, bien sûr je ne juge jamais les gens, mais quand on vit ça, peu de choses nous atteignent finalement.
Heureusement, j'ai réussi à calmer le jeu, mais j'espère un jour ne plus agir ainsi, et que ça ne vienne plus me réveiller la nuit.
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